Interview Aphrodite (30/03/2005) @ Visiosonik, Maison Folie de Wazemmes, Lille
Les bars associatifs vous le savez comme nous, il n'y a rien de tel. La bière spéciale et le sourire sincère des barmaids, voilà de bonnes bases jetées pour passer un moment en sound-system ce mercredi (!) soir. A l'affiche, Natty Hô et Tshang épaulent le DJ londonien Aphrodite, co-fondateur du label Urban Takeover et activiste du son jump-up, assisté pour l’occasion de MC Sugar.

Le bar associatif aidant disais-je, un jeune et motivé dance floor retiens son souffle au magistral set de Natty Hô, bien décidé à honorer la venue d'Aphrodite. Depuis presque dix ans, ce dernier nous a jeté en pâture de « régalicieuses » galettes: cher internaute, te souviens-tu la sueur ruisselant sur ton front quand tu « gueulais » en cœur « Bad Ass !!! ». Après un flottement dû à une rumeur de pénurie, on respire enfin au bar. Le plan ravitaillement en plein vol par un brasseur flamand arrive à point. La motivation ambiante est bien rollin.

Aphrodite et son gangsta de MC Sugar relèvent encore le pitch de l'ambiance. Les sons se font plus durs et les rewinds tardent quelque peu à ventiler un set très rectiligne. La second partie fera une part belle au « son Aphrodite » à l’origine de la légende de l'ariste et de son label. Le plaisir est là pour le public qui en redemande, ainsi que pour Aphrodite et Sugar qui prennent eux aussi leur pied.

Alors que Tshang se charge de finir tout ce beau p'tit monde, ainsi que les derniers cartons de Goudale cachés derrière le zinc, Aphrodite accorde avec camaraderie son interview à diggerarea.com. Nous nous étonnons avec lui de ne pas l'avoir fait avant.
En effet, c'est la première fois qu'Aphrodite joue dans le grand nord de la France. « J'ai joué à Paris quelques fois, et d'autres aussi à Montpellier. Mais je n'ai jamais mis les pieds ici. »

Se trompe-t-on quand on pense de toi que tu es quelqu'un qui fait les choses avec coeur, sans prétention, juste pour prendre son pied ?

Aphrodite : Ouais, c'est vrai. Je me fiche de ce que peuvent vraiment penser les autres, je fais ce que je pense être juste et c'est en regardant la foule que je sais si j'ai raison. C'est pour moi la chose la plus importante en tant que DJ. Quand je produis des disques, j'expérimente des trucs et des sons que je dois être capable de jouer en DJ set, et surtout je dois apprécier les jouer.

Tu as ton propre son. Tu sonnes comme personne. Quelle est ta recette de fabrication en studio ?

Aphrodite : Je ne sais pas moi comment ça sonne; mais chaque fois que je sors un disque, on reconnaît le style Aphrodite. Je joue avec des instruments très « normaux », j’utilise Logic Audio sur MacIntosh et avant j'avais un sampler Akai et un Commodore Amiga pour séquenceur. Peu importe comment et avec quoi c'est fait, le plus important c'est comment ça sonne au final.

Nous vous attribuons une influence majeur du côté du hip hop, mais quelle est l'étendue de celle-ci ?

Aphrodite : J'aime beaoucoup le hip hop oldschool, mais je suis influencé aussi par le reggae, le ragga, le dub, l'early House, le rock (rires de Sugar), le jazz, la musique classique. En fait j'aime un petit peu de tout.

Envisages-tu produire des morceaux dans d'autres registres et styles musicaux ?

Aphrodite : Oui. Je m'y essaie un peu. J'ai fait des musiques pour des films. Je suis habitué à faire des petits trucs en parallèle.

En tant que vétéran de la scène Drum'n'Bass, quel est ton meilleur souvenir de DJ ?

Aphrodite : Celui dont je me souviens le plus, c'était une année au festival de Glastonbury. Tout au long du week-end, la jungle n'avait pas été programmée. Quand on est arrivé aux platines avec Mickey Finn, il y avait 40.000 personnes. Beaucoup de fans de drum'n'bass. C'etait incroyable.

Gravite-t-il autour d’Urban Takeover de nouveaux talents ?
Aphrodite : Oui, The Force font de bons morceaux, et deux gars qui s'appellent Majistrate & Nicol. Ils préparent de super tunes. [...] Il y a également un gars qui s'appelle Mufler, et à qui je conseille de passer plus de temps concentré sur la production d'un seul titre, au lieu d'en sortir 6 en même temps (rires)

Avec Sugar, vous jouez souvent ensemble ?
Aphrodite : Oui, parce que nous sommes bookés par le même agent.
Sugar : Moi quand je suis booké pour jouer avec Aphrodite, c'est la certitude de passer un bon moment. Nous avons joué en Autriche cette semaine pour trois dates: Gratz, Hansburg et Vienna.
Aphrodite: Les gens apprécient beaucoup ce son là bas, c'est incroyable. A Vienne c'était de la folie.
Sugar : Mais c'est normal avec ce gars là qui voyage partout, en Asie, Océanie, Amérique, Afrique. Forcément t'y trouves ton compte. Il draine de la foule autour de lui. Mais à Lille c’était la première fois. On veut revenir et pour un week-end please!
Aphrodite: Ici, la fête était bonne et on s'est éclaté.
Remerciement à toute l'équipe de Visiosonik et à Natty Hô, pour avoir rendu possible cette interview.
Interview conçu et réalisé par Digger et Zoy Mista.
Interview Live